Sécurité et bien-être
Justice de genre, Sécurité et bien-être, Pouvoir des jeunes
Comment une survivante mène la lutte contre le trafic d'enfants
Kamini*, 18 ans, est un visage connu dans un village isolé du Bengale occidental, en Inde. Les gens de la communauté la reconnaissent comme une militante de la lutte contre la traite des êtres humains. Mais son parcours pour assumer ce rôle n’a pas été facile.
À l'âge de 16 ans, alors qu'elle était en 11e année, Kamini a rencontré un garçon en cours d'informatique. Ils ont échangé leurs numéros de téléphone et ont convenu de se rencontrer. Quelques jours plus tard, le garçon a demandé Kamini en mariage et elle a accepté de fuir le village avec lui. Sur le chemin de la gare, il lui a donné un milkshake à boire. Après l'avoir bu, elle a perdu la raison.
Lorsqu'elle a repris connaissance, elle a fait tout ce qu'on lui a demandé de faire.
Après son arrivée à Delhi, elle s'est retrouvée enfermée dans un bordel. Elle a été vendue par le garçon en qui elle avait confiance. Elle a refusé de se prostituer, elle a donc été brutalement battue et violée. Finalement, elle a dû servir les clients.
Un jour, elle a brisé la vitre de sa chambre, fermée à clé de l’extérieur, et s’est enfuie.
Elle a appelé son père et lui a tout expliqué. Elle a été secourue par la police de Delhi et a fini par retourner dans sa communauté. Mais le retour de Kamini dans son village a été difficile.
Elle a d'abord été réadmise à l'école, mais après avoir échoué à l'examen de fin d'études secondaires, elle a abandonné ses études. De nombreuses personnes de la communauté la méprisaient, la considérant comme une fille gâtée, inapte au mariage et ayant une influence corruptrice sur les autres jeunes.
Deux mois après son retour, Kamini a rejoint un groupe d’entraide de survivantes de la traite formé par une organisation locale**. Cette organisation locale a également aidé Kamini à déposer une nouvelle demande d’indemnisation auprès du gouvernement de l’État, car elle n’avait reçu qu’une partie de l’indemnisation à laquelle elle avait droit en vertu de la loi.
Avec les conseils et le soutien de l'organisation, Kamini s'est engagée dans une campagne contre le trafic et le mariage d'enfants dans la communauté rurale. Elle a commencé à interagir avec les filles du village, à les sensibiliser aux migrations dangereuses et au trafic, afin qu'elles ne commettent pas les mêmes erreurs qu'elle.
Cette organisation communautaire est l'une des nombreuses organisations qui travaillent avec Her Choices Trust, un partenaire du GFC. Travaillant dans six États, Her Choices Trust aide à former des bénévoles et d'autres ONG pour assurer la sécurité des femmes et des enfants dans leurs communautés.
[image_caption caption=”Rencontre avec un groupe d’entraide de survivants de la traite, organisé par Her Choices Trust, partenaire du GFC. © Fonds mondial pour les enfants” float=””]
Lorsque les survivants lancent des campagnes, ils amplifient la prise de conscience au sein de la communauté, améliorant ainsi leur propre avenir et celui d'autres personnes comme eux. Cette capacité encourage les survivants à se relever de situations traumatisantes et à vivre avec dignité et fierté dans leur travail.
Trop souvent, les décideurs politiques et les institutions gouvernementales tentent de s’attaquer à des problèmes tels que la traite des êtres humains sans tenir compte des voix et des expériences des survivants. Des survivants comme Kamini ont été confrontés à la violence et à l’exploitation, et comprennent les défis et les causes sous-jacentes.
Kamini aide les filles et les femmes qui ont besoin d’une assistance juridique à se rendre au commissariat de police. Elle n’hésite plus à parler aux policiers et aux représentants du gouvernement pour réclamer le droit à la justice.
Aujourd’hui, un an après le retour de Kamini dans son village, la communauté a fini par accepter et soutenir ses efforts.
Kamini a su se battre contre vents et marées et s'imposer. Elle souhaite montrer aux autres jeunes comment vivre avec intégrité, optimisme, espoir et détermination.
L’approche résiliente de Kamini sera une force motrice pour d’autres filles qui ont elles aussi été confrontées à des difficultés similaires dans leur vie. Il est grand temps que les décideurs politiques et les institutions gouvernementales soutiennent les efforts de lutte contre la traite menés par des survivantes comme ceux-ci.
*Le nom de Kamini a été changé.
**GFC ne divulgue pas le nom de l'organisation communautaire pour protéger l'identité de Kamini.