Bailleurs de fonds, il est temps de privilégier la flexibilité et la confiance


Par Kulsoom Khan

Cet article a été initialement publié dans le Le blog du magazine Alliance.

Alors que les pays du monde entier commencent à se préparer aux conséquences à long terme de la pandémie de coronavirus et à la récession économique qui en découle, les organisations locales interviennent pour combler les lacunes là où la réponse du gouvernement a été insuffisante.

Souvent la seule source de soutien fiable dans leurs communautés, les dirigeants locaux ont assumé le rôle d’intervenants et de coordinateurs d’urgence, assumant les responsabilités immédiates de nombreuses personnes, tout en faisant pivoter leur propre travail pour répondre à de nouveaux défis et besoins futurs.

Dans le contexte de cette pandémie en évolution rapide et de sa réponse, les institutions philanthropiques doivent repenser leurs systèmes existants et les faire évoluer aussi rapidement que les besoins de la population évoluent. Nous savons déjà que la vie ne sera plus la même après la COVID-19, et les systèmes en place ne devraient pas l’être non plus. Il est crucial que les institutions philanthropiques reconnaissent et soutiennent les efforts de changement social menés par la communauté à travers le prisme de la philanthropie fondée sur la confiance, qu’il s’agisse d’offrir un accès à des moyens de subsistance sûrs, à l’hygiène et aux soins de santé, ou à l’éducation.

Aujourd’hui plus que jamais, voici trois domaines par lesquels nous, les bailleurs de fonds, devons commencer :

1. Éliminez les formalités administratives

Les bailleurs de fonds doivent réexaminer ce qu’ils demandent à leurs partenaires bénéficiaires, à la lumière des environnements restrictifs et des nouveaux défis posés par la pandémie.

Attendre des organisations locales qu’elles respectent des exigences irréalistes – et souvent inutiles – non seulement crée un niveau supplémentaire de bureaucratie dans leur travail en évolution rapide, mais les expose également à un risque élevé de contracter le virus dans leurs efforts pour répondre aux demandes des donateurs.

Les restrictions de déplacement liées à la COVID-19 ont imposé un fardeau supplémentaire aux organisations de terrain qui s’efforcent de répondre aux préoccupations en matière de santé, d’hygiène et de moyens de subsistance dans leurs communautés. Les attentes des donateurs concernant la poursuite des activités des organisations de terrain comme d’habitude sont irréalistes et ancrées dans des mentalités du passé : rendre compte selon les mêmes délais, participer à des audits organisationnels ou fournir des documents provenant d’entités gouvernementales qui ont effectivement suspendu leurs activités. Ce sont de véritables problèmes auxquels les organisations de terrain sont confrontées en ce moment, les obligeant à prendre des décisions difficiles concernant la fourniture d’un soutien essentiel à leurs communautés, la prise en charge de la santé et du bien-être de leur personnel et la garantie de leur pérennité.

Au lieu de cela, nous devons envisager des formes informelles ou créatives de partage et de communication d’informations, demander aux bénéficiaires ce qui fonctionne le mieux pour eux et observer comment les bailleurs de fonds repensent les anciennes pratiques pour en créer de nouvelles, fondées sur l’empathie et pilotées par les électeurs.

2. Donnez avec souplesse et générosité

Ce n’est pas le moment de revoir nos stratégies ou de mettre en pause nos dons philanthropiques. C’est le moment de renouveler les engagements existants et d’accroître le soutien flexible dont les organisations locales ont plus que jamais besoin.

Nous savons qu’il y aura une augmentation mariage précoce, trafic, et travail des enfants dans le monde entier, les moyens de subsistance sont affectés et les revenus des ménages décimés. Au Bangladesh, l'un des plus grands fournisseurs de l'industrie mondiale de l'habillement, qui emploie plus de 4 millions de personnes, on estime qu'un million d'ouvriers d'usine de confection ont déjà perdu leur emploi, privant ainsi d'emploi sûr une grande partie de la population vivant déjà sous le seuil de pauvreté. en Inde, plus de 100 millions de personnes ont perdu leurs moyens de subsistance depuis que le pays est entré en état de confinement fin mars. Alors que les familles envisagent d’autres sources de revenus, les organisations locales se préparent à s’attaquer au taux croissant d’abandon scolaire des enfants, en particulier des filles, car les parents commencent à donner la priorité au travail plutôt qu’à l’éducation.

Les organismes philanthropiques doivent reconnaître que leurs actions actuelles ont un effet très réel et rapide sur l’évolution du monde. C’est le moment de soutenir les partenaires bénéficiaires, de s’engager à fournir des fonds flexibles à long terme – qui seront utilisés là où ils sont le plus nécessaires – et de reconnaître qu’une nouvelle réalité émerge dans laquelle le travail sur le terrain sera encore plus crucial.

3. Imaginons ensemble de nouveaux futurs

Il est essentiel que les bailleurs de fonds aident les partenaires bénéficiaires à créer des plans d’urgence réalistes qui imaginent un nouvel avenir au lieu de prôner un retour au passé.

Les pratiques menées par les donateurs depuis des décennies ont conduit à un déséquilibre des pouvoirs entre donateurs et bénéficiaires, et souvent aussi à une hiérarchie malsaine entre les bénéficiaires et leurs mandants. C’est l’occasion de co-créer et de réimaginer un nouvel avenir plus équitable, centré sur l’humain et collaboratif, qui transforme le fonctionnement des communautés et, en retour, libère de nouvelles idées et construit de nouveaux systèmes. En saisissant cette opportunité de transférer le pouvoir maintenant, nous pouvons créer des relations plus égalitaires entre tous les participants au processus de changement social pour l’avenir. Nous pouvons utiliser ce moment pour mieux soutenir les organisations locales à long terme, dans la mesure où elles promeuvent les droits de l’homme et renforcent les démocraties.

Nous à Fonds mondial pour l'enfance Nous profitons de cette période pour réfléchir à notre travail et pour écouter attentivement nos partenaires locaux par le biais de groupes et de conversations délibérément convoqués. Nous nous engageons à évoluer avec eux, tout en continuant à les soutenir dans leurs efforts actuels pour fournir des soins indispensables à leurs communautés, à leurs familles et à leurs équipes. Nous reconnaissons que les relations fondées sur la confiance – entre donateurs et bénéficiaires, entre organisations homologues, entre entités gouvernementales et non gouvernementales, entre membres de la communauté – seront le fondement de tout effort de collaboration efficace, aujourd’hui et à l’avenir, alors que nous cherchons tous à créer un monde sain et sûr pour les enfants et les jeunes.

Photo d'en-tête : © Kuba Okon / With and For Girls Collective

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